© Patrick Deullin 2010
Les premières victoires
Albert Louis Deullin (1890-1923) fut un des as français
de la Première guerre mondiale, avec un score de 20
victoires entre février 1916 et mai 1918.
Il s’engage par anticipation au 31ème Dragon à
Lunéville. Revenu à la vie civile en 1912, il parfait sa
formation en Angleterre. La déclaration de guerre le
surprend outre-manche. Il rejoint aussitôt son régiment
d’active, fait campagne en Lorraine et en Woëvre, passe
l’hiver 1914-1915 dans les tranchées. Il est rapidement
promu sous-lieutenant.
Fin avril 1915, il est affecté dans l’aviation et fait l’école
de pilotage. Dès le 2 juillet, il rejoint l’escadrille MF.62 de
la 6ème Armée où il effectue des missions de
reconnaissance et de bombardement.
Début 1916, il est muté à la N 3. et appartient aux
«Cigognes» et signe sa première victoire officielle le 10
février.
Le 25 mars, il est blessé une première fois. Après les
soins d'urgence il repart au combat.
Le 2 avril il est sérieusement blessé au bras au dessus de Verdun devant une aviation ennemie très supérieure en nombre. Sans
attendre la guérison, il remporte sa quatrième victoire le 30 avril, ce qui lui vaut la Légion
d’honneur avec la citation suivante :
« Pilote d’un allant et d’un sang froid exceptionnel, recherchant sans cesse la lutte contre les
avions ennemis. Blessé le 2 avril au cours d’un combat aérien, a repris sa place dans
l’escadrille avant
d’être complètement guéri, et a livré depuis son retour, douze combats heureux. Le 30 avril
1916, a attaqué à bout portant un appareil ennemi et l’a abattu devant nos tranchées. Déjà
deux fois cité à l’ordre de l’armée».
Blessé une troisième fois le 21 juillet, il fait preuve encore une fois d'un courage exceptionnel.
Commandant d’unité d’élite
Les Cigognes émigrent vers la Meuse. Deullin continue d’enrichir son palmarès et fête son anniversaire par une nouvelle victoire. Le 23
novembre il en compte dix homologuées.
En février 1917, il est appelé à former et à commander au sein du G.C. 12, le Groupe des
Cigognes, une nouvelle escadrille de jeunes, la SPA 73. Le 25 juillet, il abat son 17ème avion
avant d’être gravement blessé. Il s’échappe encore de hôpital pour
abattre son 18ème avion le 18 septembre.
Un an plus tard, en février 1918, on forme le G.C. 19, dont il prend le
commandement. A 27 ans, il dirige une force de 70 avions. Il est
promu Officier de la Légion d’Honneur avec la citation suivante :
« Merveilleux pilote de chasse, officier d’élite, modèle des plus hautes
vertus militaires, dont la bravoure, l’élévation de caractère,
l’intelligente activité sont devenues proverbiales dans l’aviation
française.
Trois fois blessé en combat aérien, a toujours repris sa place dans la
bataille avant d’être entièrement remis. A d’admirables qualités de
combattant, unit les plus rares mérites du chef. Par son exemple
quotidien et son travail incessant, a fait en trois mois du groupe qu’il
avait créé, une unité d’élite.
Dans les premiers jours de l’offensive allemande de Mars 1918, a exécuté, dans la pluie, au
ras du sol, d’audacieuses reconnaissances qui ont valu au commandement de précieux
renseignements. A abattu récemment son vingtième avion ennemi. »
Sa Croix de Guerre 14-18 est ornée de 13 palmes et une étoile Il a également obtenu la Croix
de Guerre Belge.
Un visionnaire de la casse (Mai 1917)
Lorsqu'il était à la SPA 73, Albert Deullin rédigea un certain nombre de principes concernant "La Chasse en Monoplace" et les
"Patrouilles de Chasse" :
« Depuis l’offensive de la Somme, c’est-à-dire depuis environ un an, les conditions de la chasse
ont complètement changé. À cette époque, le monoplace isolé était roi (…). L’ennemi instruit par
l’expérience, coordonna ses efforts, et forma des patrouilles de biplaces et des patrouilles de
monoplaces parfaitement disciplinées. Leur cohésion leur permit d’abord de résister aux attaques
isolées, puis de prendre l’offensive et de descendre assez facilement les Français qui se risquaient
de l’autre côté des lignes. Après quelques essais infructueux ou mêmes cuisants, nos chasseurs
durent se convaincre que l’ère de l’isolé était finie et qu’il fallait chercher autre chose. »...